Un monde très sérieux, tourné en dérision de façon complètement délirante : c’est le monde de la City de Londres vu par Geraint Anderson. L’auteur a travaillé dans le quartier financier anglais pendant 12 ans et a décidé, dans Cityboy, de révéler les secrets et les intrigues de ce système très fermé. En 2006, l’auteur dévoilait déjà les frasques de la City dans sa chronique « Cityboy ». Sorti au Royaume-Uni en septembre 2008, son livre a pour l’instant été vendu à 95 000 exemplaires. Un succès bien mérité.
Geraint Anderson navigue entre fiction et autobiographie. Le parcours de l’auteur ressemble étrangement à la carrière du héros, Steve Jones : il a travaillé comme analyste dans des banques, a empoché des bonus fructueux… Les deux hommes se confondent.
L’auteur se met à la place du lecteur lambda, pas forcément économiste. Il démocratise son langage et fait s’immerger le lecteur dans l’univers de la finance tout en douceur. Il lui donne en quelques sortes un « cours de finance accéléré », et lui rappelle brièvement plusieurs événements marquants dans l’économie récente. Il a également tendance à numéroter des paragraphes sous la forme « 7 bonnes raisons de… », afin de l’inciter à la lecture. Et ça marche !
L’homme qui murmurait à l’oreille des lecteurs
L’humour est omniprésent tout au long de l’histoire. Geraint Anderson utilise cet ingrédient sans modération, ce qui donne tout de suite un caractère léger à l’histoire. Steve Jones se retrouve toujours dans des situations délicates, ridicules, voire pathétiques. Dans le monde de la City, qui correspond en partie au monde de l’argent sale, du sexe et de la drogue, le héros devient rapidement dépendant de la cocaïne. Il parle d’elle comme d’une femme qu’il a rencontrée, ce qui donne à cette révélation un côté ironique et dédramatisé.
Steve Jones, un ancien hippie chez les traders
Le personnage principal est loin de ressembler au parfait trader. Garçonnet perdu et immature, il obtient son job par coup de chance. Sa forte personnalité entraîne le lecteur à s’attacher à lui. Epicurien, il ne cesse de ressasser que l’argent ne fait pas le bonheur. La transformation est étonnante : il passe du hippie gauchiste au trader odieux. Cela donne un aspect décalé à la situation.
Le tour de la City en 375 pages
Cityboy critique allègrement notre système capitaliste occidental. A travers le livre, l’auteur dénonce l’esprit de compétition entre les traders, le langage économique complexe, ou encore les rétributions exubérantes des cityboys. Il aborde avec dérision le sexisme, le racisme et l’homophobie, omniprésents au sein de la City.
Aujourd’hui, Geraint Anderson se rend compte qu’il a gâché sa vie à cause de l’appât du gain. L’ancien trader réussit à nous faire passer ce message en affrontant de plein fouet le thème de l’addiction au travail :
« Se noyer dans le travail, c’est comme s’adonner à la drogue ou à l’alcool, sauf que l’addiction au travail […] anesthésie la douleur générée par la conscience constante que nous finirons bientôt bouffés par les vers. »
A méditer…