Si il n’avait pas existé, le monde de l’investigation aurait connu une toute autre histoire… Utilisation massive des empreintes digitales, considération des pièces à conviction, classement intelligent des dossiers… J. Edgar Hoover est LE pionnier à l’origine de l’enquête moderne, l’inventeur du Federal Bureau of Investigation (FBI)…
Dans son dernier film, Clint Eastwood a choisi de porter à l’écran le parcours de ce personnage d’exception. « J. Edgar » est sorti sur les grands écrans le 11 novembre 2011 et a connu un grand succès en France, près de 1 million d’entrées dès les premières semaines. Lorsque l’on se rend dans les salles pour voir ce film, on s’attend à de l’action… Du sang et du suspens ! En effet, l’affiche donne le ton. « Clint Eastwood plonge au cœur du FBI », voilà ce qu’on peut lire en tête de l’affiche représentant un Leonardo DiCaprio transformé et engagé. Mais la réalité est toute autre. Eastwood prend son temps pour nous dévoiler les tourments de son personnage principal. La biographie américaine est lente, mais à l’image du réalisateur mythique, très intelligente et remplie d’une analyse sous jacente, qui durera jusqu’à la dernière minute. L’histoire mêle brillamment la vie privée et professionnelle de Hoover. Un homme déterminé et perfectionniste, voué à sa cause, à son pays. Mais un homme torturé, soucieux de son apparence à l’extrême, présumé homosexuel et travesti. L’ambiguïté du personnage règne donc dans ce long-métrage de 135 minutes, qui traîne parfois un peu en longueur, malgré les quelques affaires que le spectateur est amené à suivre au cœur d’une amérique encore jeune et transparente. Mais peu à peu, au rythme des pulsations du cœur, fragile, de Hoover, le public entre dans un univers sombre. Celui de la politique et de ses secrets, celui des jeux de pouvoir et des conflits d’intérêt. Mais lorsque la partition s’arrête brutalement, que le rythme ralentit à mesure que son cœur s’essouffle, le public reste déçu d’un tempo parfois trop lent et d’une mélodie pas assez soutenue. Un film à voir, donc, sans s’attendre à un « Gran torino », « million dollar baby » ou autre chef-d’œuvre vif et dynamique de l’inépuisable réalisateur. Mais plutôt à une séance de réflexion sur la complexité d’un homme, à 2h15 de ce qui porte bien son nom, une biographie.