Brassaï s’expose à Nice au Théatre de la Photographie et de l’Image et au Musée Matisse. Chronique de la visite du TPI, et ses 140 tirages de Brassaï.
Le photographe d’origine hongroise, parisien d’adoption, Brassaï, pseudonyme de Gyula Halász, est né le 9 septembre 1899 à Brașov (ville de Transylvanie) et mort sur la côte. Naturalisé français en 1949, il était aussi dessinateur, peintre, sculpteur et écrivain.
Des tirages noir & blanc. Epreuves aux sels d’argent. Les ténèbres du noir créent un paysage lunaire lorsqu’elles se mêlent à la lumière d’argent. Si on reprend les termes de l’ami écrivain et artiste, Henry Miller, « Brassaî possède ce don rare que tant d’artistes méprisent: une vision normale. Il n’éprouve nul besoin de déformer ou de distordre, nul besoin de mentir ou de prêcher. »

Brassaï, Le Baiser, v 1935-1937, Collection Estate Brassaï © Estate Brassaï RMN
Le grand couloir de l’entrée contient des tirages de Paris. Amoureux de la Ville-Lumière, Brassaï se décrit comme un photographe des nuances « pour saisir la beauté des rues, des jardins, dans la pluie et le brouillard, et pour saisir la nuit de Paris ».
C’est le Paris de jour – Paris de nuit qui est mis en valeur, celui sans artifice des années 30, et que ses amis écrivains pavent de mots. C’est ici la poésie de l’urbain qui inspire le photographe. Pour photographier la nuit, Brassaï allie à la lumière des réverbères à un flash au magnésium, et utilise un temps de pose long, qui permet de fixer les sujets mobiles.
Le salon Hercule Florence présente un Paris très montmartien, secret et vibrant. Des prostitués, des fêtes foraines et autres curiosités vivent dans ces tirages au grain très marqué. On retrouve cette nuit parisienne dans le long couloir qui mène à la sortie. Les Folies Bergères, les mauvais garçons, des amoureux, et des personnalités de la nuit, peuplent le Paris de Brassaï.

Brassaï, La Fête foraine, Place Saint Jacques, s.d. Collection Estate Brassaï © Estate Brassaï RMN
La salle Charles Nègre consacre Nice et sa région. La nuit parisienne laisse place à un monde plus solaire. Une partie de la collection du Musée Matisse est descendu au Théâtre pour la peine. Des chats blancs, des nonnes, des vieillards et des clochards vivent dans ces tirages. De ses allers-retours sur la Riviera, Brassaî capture des champs de fleurs grassois, et les vieilles batisses d’antan. L’architecture complexe des vieilles villes, leurs murs, ou les ports ensoleillés qui subliment le noir & blanc.
Les salons Jean Giletta et Gérardpierre témoignent de la volonté de Brassaï d’instaurer un musée à ciel ouvert, de mettre le graffiti en valeur par sa photographie. C’est une part importante de son oeuvre, qui occupa le photographe dès 1935, et qu’il continura encore dans les années 50, poursuivant l’évolution des tags avec son carnet, pour pouvoir revenir les photographier.

Brassaï – Graffiti, Le Roi Soleil v. 1945-1950 Collection Estate Brassaï © Estate Brassaï – RMN
Dernière partie de l’exposition, on trouve des gravures sous emprise photographique, avec le texte de Brassaî pour la présentation de son portfolio « Transmutations » de 1967. Il gratte l’image photographique et la recompose tel un graveur. Ce portfolio est composé de 12 épreuves aux sels d’argent. C’est la partie la plus étrange de l’oeuvre présentée au Théâtre, avec les graffiti.
C’est aussi à ce moment là, quasiment à la sortie de l’exposition, que l’on se dit que « Brassaï est un oeil, un oeil vivant » selon les dires de son ami Henry Miller.
Brassaï met en valeur les petits riens de la vie de tous les jours, à la manière d’un Robert Doisneau.
Théâtre de la Photographie et de l’Image Charles Nègre, exposition du 25 février au 3 juin 2012 . Gratuit.
27, boulevard Dubouchage 06364 NICE CEDEX 4
Tous les jours sauf le lundi et certains jours fériés 10h – 18h
Tramway arrêt Jean médecin
Suite critique de l’exposition au Musée Matisse, c’est ici.
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