« Les Bien-aimés » sont peut être un peu mal-aimés

Une histoire inspirée par Sagan et Kundera, qui apporte un exotisme nouveau chez Christophe Honoré. Un scénario qui conforte le réalisateur dans une ambiguité. Celle bisexuelle,  avec une occasion pour lui de rappeler que l’amour est quasi transgenre. Mais aussi rappeler des banalités sur les homosexuels , la parenté bi ou le sida. Les années d’après-guerre, le printemps de Prague, les françaises sexuellement plus libérées, le Sida et le 11 Septembre sont autant de prétextes qui pavent ce film sur 4 générations. Les démons d’ Honoré ne sont jamais loin.

La femme blonde est putain chez lui, mais de celle qui aime dans un mensonge, dans la multiplicité des amants. Que ce soit la mutine Ludivine Sagnier, la coquine Catherine Deneuve ou encore la romantique Chiara Mastroianni, elles incarnent l’amour d’Honoré pour un certain cinéma. Celui de Jacques Demy et François Truffaut. Pour ce qui est de l’homme, il trouve l’incarnation de l’encannaillé en Milos Forman, du musicien homo en Paul Schneider, l’écrivain en vogue indécis en Louis Garrel ou encore Micjel Delpech en militaire à la retraite. Le casting est très bon, la photographie toujours aussi juste.

Le réalisateur réussit son film le plus ambitieux dans le sens où, en s’éparpillant un peu partout dans le monde (Paris, Prague, Londres, Montréal…), et à travers les époques, il arrive à le rendre vivant. Il maitrise à merveille la mise en abyme, faisant jouer Deneuve et sa fille Mastroianni  dans la vie comme devant la caméra,  en toute simplicité.

Le film souffre tout de même d’une bancalité. Des ratages incensés, des non-sens regrettables, et de petites longueurs mal placées. De plus, les chansons ne sont pas d’aussi bonnes illustrations que pour son chef d’oeuvre « les Chansons d’amour », et il y en a même de très moyennes. Alex Beaupain n’a pas baissé dans son talent de compositeur, mais certaines chansons produites pour les Bien-aimés ne sont pas au niveau des Chansons d’amour. On suppose que c’est pour ça qu’il ne les a pas mise sur son dernier et très bon CD. La critique négative ne touche pas aux interprètes, les acteurs, qui s’en sortent admirablement. Mais bien à l’écriture et aux mélodies trop peu originales pour se démarquer dans le score d’un film monocorde malgré une traversée de 4 générations.

Malgré tout, la forme est toujours superbe ainsi que le casting. La pellicule se bonifie avec le temps, et des scènes sublimes rachètent les quelques ratages. La scène du 11 septembre en est un exemple, où les amoureux du bout du monde ne pense qu’à eux malgré le désastre new-yorkais. Dommage que le fond ne soit pas un poil plus creusé dans la profondeur, hors de simple clichés- vignettes un peu trop resucées d’Honoré lui-même.

Les Bien-aimés (2h 19min)

 une comédie dramatique de Christophe Honoré,

avec Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Ludivine Sagnier, Louis Garrel, Milos Forman, Michel Delpech, Paul Schneider

Sortie le  24 août 2011 au cinéma et le 18 janvier 2012 en DVD

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3 Commentaires

  1. La référence à Kundera, c’est dans quel sens?

    Réponse
    • Kundera parle d’amour et de révolution politique, culturelle et sexuelle. Souvent, il place l’action dans plusieurs villes. Il est un Tchèque en exil. Les Bien-Aimés sont des personnages assez kunderesques, mais pas uniquement. Et c’est là que le plaisir de voir un film d’Honoré est si bon. Entre nouvelle-vague et cinéma moderne.

      Réponse

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