Dans cette réalisation de Ridley Scott, on reste émerveillé devant la beauté crépusculaire d’un film entre Alien et Blade Runner. Il prend le meilleur de ses premières réalisations pour revenir au commencement d’Alien et poser la genèse d’une nouvelle trilogie de SF. Maître de la tension dramatique et de la claustrophobie intersidérale, il est un peu en dessous des précédents chef- d’œuvres, tout en offrant un spectacle épatant en terme d’image et de réalisation. L’homme reste un bon exécutant dans le film de genre.
Tout commence avec un suicide qui donne la vie.
Prometheus est artificiellement rattaché à la mythologie Alien, entre la recherche d’une trame originale et la pâle copie. Avec un questionnement de la création de l’humanité, mais aussi des machines, on oscille dans une quête digne du Dr Frankenstein. On retrouve une touche de 2001 Odyssée de l’Espace de Kubrick, comme l’ennui d’une intelligence artificielle à bord d’un vaisseau immense. Cet I.A., l’androïde David (M. Fassbinder), est là pour veiller sur les humains. Il est considéré comme un fils par son créateur, Peter Weyland. Ce vieil homme sur le point de mourir décide de croire dans la lubie d’un couple de scientifiques: rencontrer son créateur. A l’instar de Ash, son prédécesseur cinématographique interprété par Ian Holm, David est prêt à tout pour effectuer sa mission avec une rigueur scientifique infaillible, mais sans éthique. Face au danger et à la curiosité, chacune des espèces cherche à survivre face à sa création: l’homme se méfie du robot, et l’Engineer de l’Alien. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard et que chacun devient le prédateur de l’autre.
Un film entre horreur et épouvante
L’énigme du Space Jockey se dévoile peu à peu, et la création de l’Alien originel aussi. Elizabeth Shaw ( Noomi Rapace) a découvert l’indice de l’origine de l’humanité sur Terre, tous les indicateurs pointent sur la planète LV 223. Le Space Jockey d’Alien serait l’Engineer, le créateur de l’humanité… et des Aliens ! Il faut attendre la fin du film pour découvrir l’alien noir tel que dans le film de 1979. Ce qui n’empêche Ridley Scott, qui a renoué sa collaboration avec le plasticien Giger, de recréer l’alien et les Engineers. Une nouvelle scène de fécondation alien apparaît, entre le cobra et le ver sous la peau. Si David ressemble à Ash du Alien de 1979 pour le côté scientifique sans éthique et à Blade Runner pour le reste, Elizabeth Shaw est une Ellen Ripley en force. En 1 film, elle a vécu ce qu’à vécu Ripley dans la Quadrilogie. On voit bien la naissance de la franchise Alien, et qui laisse augurer d’un personnage féminin fort pour une nouvelle saga avec les Engineers, et toujours les aliens !
Une version « rated R » ?
Le film projeté en salle est une version édulcorée. On est plus dans l’épouvante que dans l’horreur (excepté avec la très bonne scène d’auto-chirurgie). Ridley Scott souhaitait montrer une mouture plus adulte de son film en salle. Est-ce que cela changera quelque chose à l’expérience du visionnage ? Qui sait, surtout si cela permet de creuser la psychologie des personnages avec quelques minutes de plus. Il faut espérer que ce ne soit pas que du gore gratuit. Une version « R » pourrait permettre de montrer un côté plus bestial de l’Homme ou une autre facette des Engineers, ces figures humanoïdes de 3 m.
L’expérience est très agréable, une très bonne SF, bien mise en valeur et visuellement excellente. Le tort de Ridley Scott est finalement d’offrir une part de resuçage de son chef d’œuvre Alien de 1979. Il promet néanmoins de belles aventures pour Elizabeth Shaw, et l’opportunité de voir des aliens et des Engineers l’affronter.
14/20
Prometheus (2012), un film de SF épouvante de Ridley Scott, avec Michael Fassbender, Charlize Theron, Noomi Rapace.