Ludovico Einaudi, le pianiste Italien vedette internationale, était vendredi sur la scène du Théâtre de Verdure de Nice. Des chaises sont disposées sur la pierre du Théâtre de plein air. Petit à petit, les spectateurs se placent, se rapprochent au plus près de la scène. Puis les musiciens entrent en scène, lentement, et Ludovico Einaudi, encore plus lentement.
Un instrument à vent mystère s’est invité pendant le concert : le Mistral. Le bruit de la mer proche, qui ricoche sur les galets, sont comme les doigts sur les touches de son piano. Comme la simplicité de la Nature, ses gymnopédies universelles raisonnent dans le théâtre de pierre, les notes qui fuient avec la fumée artificielle, se mêlent à la brume du crépuscule.
Le concert se déroule en alternance de phases, une partie avec le groupe et une autre où le pianiste est seul. Ludovico Einaudi tourne le dos au public, seul son piano compte. Ses musiciens sont tournés vers l’auditoire. Sur les six personnes présentes sur scène, le noyau « classique » : violon, contrebasse et piano sont les plus âgés. Les autres ont une bonne trentaine (basse, violon et électroniques). Dans la partie solo, plus proche de ses premiers enregistrements, on retrouve un côté B.O. de film à la Michael Nyman. Entre deux séries d’applaudissements, le pianiste Italien se retourne enfin, et semble murmurer des « merci » inaudibles, comme si sa voix restait prisonnière dans sa bouche pour ne pouvoir le laisser s’exprimer par le jeu de ses doigts sur la nacre.
De la ressemblance avec la BO de Michael Nyman, La Leçon de Piano : elle est grande et infime à la fois. Les morceaux sont très mélodiques et répétitifs, avec des parties plus expérimentales, dans l’électro. Lorsque le groupe revient, on se sent emporté comme dans le film de Jane Campion, où les plages sonores expriment la voix de l’héroïne par le piano. On y ressent toute une variation dans le jeu alors que la mélodie principale reste celle du piano. Chez Ludovico Einaudi, le piano est sa voix certes, mais il reste souvent dans la même gamme de son, car son plaisir, c’est de rester simple.
Même l’intervention des avions et d’un chien mélomane ne le sauve totalement. Ludovico Einaudi nous proposent un mélange de ses compositions. Il est dommage d’avoir privilégié cette idée d compilation pour une œuvre qui gagnerait à être jouée par album. Un album dans son intégralité permettrait d’apprécier le travail de compositeur plus que celle du pianiste qui vend sa musique à un publicitaire ou pour une BO de film à succès.
En de bref instants, le compositeur Einaudi parvient à la grâce, mais retombe faute de pouvoir suivre l’évolution d’une écriture pianistique minimaliste et vaporeuse.