Du 29 juin au 7 octobre 2012, l’exposition d’été du Théâtre de la Photographie et de l’Image (TPI) de Nice est consacrée à Stéphane Couturier, photographe plasticien internationalement reconnu. C’est l’occasion pour le TPI de montrer une œuvre commandée en 2012 pour l’exposition.
Collectionneur des détails du patrimoine urbain, Stéphane Couturier tire profit de son expérience d’ancien photographe d’architecture. Sa spécialité, créer à l’argentique (puis au numérique) des grands formats ou des moyens formats où le spectateur se sentirait happé par une foule de détails. Puis il fusionne deux images numérisées, cherche le point de fuite qui s’y forge, pour laisser éclater le foisonnement de détails et de couleurs. L’œil est agréablement surpris par la cohérence qui sort de son œuvre. La visite démarre avec des extraits de la série « Melting Pot » dont la pièce commanditée par le TPI: le « Palais de Marbre » juxtapose des clichés du bâtiment niçois des archives municipales à un ensemble architectural moderne. Puis c’est le tour de « Barcelone », avec sa multitude de clichés de balcons, de parallèles tracées, et de fenêtres ouvertes sur le monde. Des toiles de sang et d’ocre transparaissent sur la pierre, le béton et le carrelage de ces façades catalanes photographiées de front.
Puis on visite des intérieurs vides et à la fois plein du savoir-faire humain en construction : des murs de bois et des structures métalliques diverses, des plaintes qui sortent du plâtre et la rouille qui hante chaque parcelle. Les collages de clichés de l’artiste jouent sur la perspective. Et déjà, des surimpressions de reflets de baies vitrées, et cette horloge translucide. Le rêve d’un immeuble dans les arbres, une fenêtre qui se répète du château de la Ferté-Vidame rappelle l’art de Magritte. Puis ses photographies de chantier montrent une ville organique, comme les grilles du « Petit Palais » qui étendent leurs tentacules de fer forgé vers une profondeur- perspective intérieure.
La Ville de Séoul s’immisce dans un petit espace de l’exposition, avec une vision colorée et répétitive des tanjis, ces grands ensembles bourgeois coréens. Quant à la grande salle, elle est focalisée sur l’idée de ville organique, qui se décline parfois en triptyques géants de la série « Landscaping », comme San Diego verte et jaune, avec le gris taché de blanc d’une highway américaine.
Dans un dernier couloir, on découvre une voiture Toyota en assemblage faire corps avec la globalité de l’usine de Valenciennes, sur-imprimée, fragmentée et multicolore. Elle fait partie intégrante de la série « Melting Pot » qui interpelle par son abstraction. Où poser son regard dans ce chaos orchestré ? La sensation rappelle le « All over » de Jackson Pollock, son explosion de couleur et sa faculté à perdre notre regard pour mieux l’entrainer ailleurs.
29 juin au 7 octobre 2012 au Théâtre de la Photographie et de l’Image Charles Nègre, 27 boulevard
Dubouchage, à Nice
Gratuit. Tous les jours sauf le lundi et certains jours fériés 10h – 18h.
[Article rédigé et paru dans le Patriote Côte d’Azur]
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