Skyfall ou l’ascension de 007 par Sam Mendes

Sortir des clichés et à la fois rendre hommage à 50 ans de 007, voici le défi de Skyfall, porté par Sam Mendes, le réalisateur d’ « Away we go » (2009) et des « Noces rebelles » (2008). A l’heure de l’action speedée des « Jason Bourne », Mendes offre un découpage à l’ancienne, et une intrigue « minimaliste » dans ce qu’elle est moins « complot international à tiroirs ». Car c’est l’humain qui est au centre du scénario. Entre pulsions freudiennes et démons de Bond, l’intérêt pour cette aventure de Bond reste à son paroxysme.

« Meditate your sins »

A peine ce 23ème opus commencé et voici que l’intrépide Bond meurt dès la séquence d’introduction. Pour nous mettre dans le bain et souffler quelques instants, l’attendue scène titre est complexe et psychédélique, sorte de test de rorschach tour à tour vert-de-gris et sanglant, rythmée sur le nouvel hymne à la gloire de Bond, délivré par la très bonne Adèle. Et comme on s’y attend, réapparaît peu après un Bond déprimé et baiseur, qui boit de la Heineken (partenariat sponsor oblige), prend des pilules et s’amuse à tromper la mort avec du whisky et un scorpion du désert. Il aura fallu l’explosion des locaux du MI6, et une M (excellente Judi Dench) dans la tourmente pour faire revenir un 007 blasé mais patriote.
Pour le coup, il y a de nouveaux locaux « so british » pour le MI6 et l’arrivée d’un tout nouveau quartier-maître, Q, jeune et passionné d’art. Ben Whishaw le campe un brin hipster, totalement nerd, ne manque pas de répartie face à un Bond tout en verve. Toutefois, pas de voiture à gadget spécialement créée pour cet épisode, où les voitures de fonctions sont des berlines allemandes ou britanniques. Néanmoins, Bond a toujours une carte dans sa poche, et nous emmènera en Ecosse dans la splendide Aston Martin DB5 et son siège éjectable sortie d’un garage secret.
Daniel Craig interprète pour la troisième fois l’espion au service de sa Majesté : un Bond qui n’est plus l’as qu’il était, reste un homme barbu, blessé, blasé, comme sa journée : « bousillé ». L’agent double zero sept est autorisé à partir en mission, après une série de tests où on voit bien qu’il n’a plus le niveau, mais c’est le pari de M, offrir une vengeance à Bond face à ceux qui l’ont conduit à « mourir ».

L’interprétation du mythe par Sam Mendes

Son James Bond est le plus humain, moins surhomme/brute, moins obsédé sexuel mais toujours alcoolique. C’est le constat après deux films avec Daniel Craig sommé d’être une sorte de Jason Bourne ou encore des années de Bond tombeur à la Roger Moore. Vous direz « mais où est le plaisir d’un James Bond s’il est édulcoré ? » : et bien, c’est que tout est dosé de manière à être plus crédible, sans la grandiloquence des opus précédents. Et puis les James Bond Girls sont là pour nous rassurer : aussi belles que dangereuses ! Séverine (Bérénice Marlohe) est un concentré du stéréotype de la Française : une femme fatale, exhalant une fumée de cigarette, et parlant de sensualité de sa voix grave. Et Eve (la jolie Naomie Harris), qui transperce le corps de Bond au sniper, et l’assistera dans tous ses besoins dans la suite de ses missions.
Peu de scène de sexe, c’est un épisode tout en retenue, en ellipse. En fait, on ne voit pas de corps dénudés, on voit le moment où la scène « déshabillée » se situerait dans un autre épisode, mais ici, c’est le jeu des regards qui fait monter la tension érotique. Serait-ce une censure ? La scène de douche reste efficace, sans montrer autre chose qu’une épaule, et ce regard cendreux, aux pupilles de braise de Séverine.

50 ans qui font Bond pour Skyfall

Sam Mendes n’a pas besoin d’en faire trop, il condense 50 ans d’aventures de Bond avec brio : beaucoup de sensualité avec deux James Bond girls, mais aussi de beaux paysages : on traverse l’Asie (la Chine, Macao), Istanbul, les bords de la Tamise, Skyfall et l’Ecosse natale de Bond. Il n’oublie pas de mettre en valeur un grand nemesis et ses pièges machiavéliques, très bien pensés et dont la mise en scène ne se borne pas à la simple explosion d’effets spéciaux. Silva (Javier Bardem) est un superbe nemesis, ancien agent secret passé de l’autre côté. Un rôle qui rappelle l’interprétation de Zorin par Christopher Walken dans A View to a Kill (1985). Physiquement, par la coupe blonde, et dans la folie qui les habitent vis-à-vis de Bond. Bardem offre une superbe partition, avec une tension quasi-homosexuelle pour Bond. Des faux-frères agents secrets, avec une touche du génie pervers du Joker des Batman.
Bienvenu, l’humour est de retour et toujours très présent, voire assez caustique. Quand à la bande originale de Thomas Newman, la partition offre quelques motifs clin d’œil. Elle est surtout bonne et bien placée, épique quand il le faut, comme pour la scène de lutte sur un lac gelé.

Attention ! Révélation aussi sur MoneyPenny, qui s’offre une nouvelle jeunesse ici, une véritable révolution dans l’univers de Bond.

SKYFALL

BANDE ANNONCE
Date de sortie: 26 octobre 2012 (2h 23min)
•Réalisé par Sam Mendes, avec Daniel Craig, Judi Dench, Javier Bardem, Bérénice Marlohe, Naomie Harris, Ben Whishaw, Ralph Fiennes, Ola Rapace, Albert Finney…
•Genre: Action, Espionnage, Thriller

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