Denis Brihat, poète du tirage photo

Depuis le 19 octobre et jusqu’au 3 février 2013, l’exposition automnale du Théâtre de la Photographie et de l’Image de Nice est consacrée à Denis Brihat, un des prodiges de la Straight Photography. C’est l’occasion de découvrir cinquante années d’une œuvre photographique singulière et poétique à ne pas rater.

Ancien collègue des mythiques Robert Doisneau, Willy Ronis et Edouard Boubat au sein de l’Agence Rapho en 1952, Denis Brihat reçoit le prix Niepce en 1957 pour ses travaux photographiques en Inde. Pourtant le photographe baroudeur songe à arrêter le métier de reporter en découvrant les œuvres d’Edward Weston et d’Emmanuel Sougez, photographes pionniers de la pensée esthétique du début du XXème siècle. Sa décision est prise à la fin des années cinquante : il s’installe à Bonnieux dans le Luberon pour se consacrer à son art, dans une tentative de traduction de la beauté de la nature qui l’entoure.

Alchimie argentique

Perfectionniste, Denis Brihat excelle dans l’art du tirage, c’est-à-dire restituer l’image qui se trouve sur une pellicule et l’agrandir sur du papier adapté. De nombreuses options s’offrent au photographe dans son laboratoire pour rendre sa photographie unique. Parmi ces techniques, il y a sa préférée : le virage.  Elle permet de donner une couleur dominante à un tirage argentique noir et blanc en remplaçant les sels d’argents originaux par de l’or ou du platine par exemple. C’est l’instant précis où Denis Brihat imprime une charge émotionnelle à ses clichés particuliers.  Il suffit d’observer ses prises de vues originales de fleurs, légumes, fruits ou paysages d’hiver pour s’en rendre compte. Cet alchimiste cherche l’âme de la couleur plutôt qu’une simple retranscription de  la réalité. « Une épreuve techniquement parfaite, tirée d’un cliché techniquement parfait, peut seule retenir à mes yeux une valeur intellectuelle ou une puissance émotionnelle.» C’est la définition de la « Straight photography » donnée par Edward Weston, on voit au combien Denis Brihat se reconnait en elle.

Un « poète »

C’est ainsi que sa femme Solange le définit en un mot. On ne peut s’empêcher d’acquiescer en contemplant la profondeur ténébreuse de ses tulipes noires, la délicatesse d’un pétale de coquelicot froissé par le vent, et dont le rendu des couleurs célèbre la maitrise du virage à l’or de Denis Brihat. Seul un poète de l’image est capable de donner une noblesse à la transparence d’une pelure d’oignon ou de souligner l’érotisme d’une poire sur fond blanc. En capturant un reflet de la beauté de petites choses simples, il offre une vision plus vraie que nature, magnifiée d’infimes détails et d’expérimentations chimiques.

Jusqu’au 3 février 2013 au Théâtre de la Photographie et de l’Image Charles Nègre, 27 boulevard Dubouchage, à Nice.
Gratuit. Tous les jours sauf le lundi et certains jours fériés 10h – 18h.
http://www.tpi-nice.org

(Article mis à jour le 27/11/12)

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Stéphane Couturier

Brassaï

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