Le bayou de Louisiane abrite l’histoire touchante d’Hushpuppy et des siens. Entre fantastique et réel, entre monstres mythologiques et tempêtes. La rage de vivre à l’état pur.
Hushpuppy est une combattante. Elle vit dans le bayou de Louisiane, ou plutôt survit dans un monde de reclus. Un monde de choix, car les Nord-Américains du marais ont choisi d’ignorer la menace d’expulsion. Dans « Les Bêtes du sud sauvage », Quvenzhané (« fée » en swahili) Wallis, dit Hushpuppy, apprend à vivre seule. Elle se fait à manger et se débrouille comme elle peut. Agée d’à peine 6 ans, elle est forte et belle. Et doit apprendre à ne pas pleurer, à vivre sans sa mère. La petite se forge un caractère d’acier afin de survivre dans un monde d’hommes sauvages et de bêtes cruelles. Elle montre ses muscles, montre les dents. Cette fillette est un exemple de maturité et de fougue. Une petite tigresse qui mord la vie. Une petite tigresse esseulée. Car tous les combattants sont seuls.
Le personnage de l’enfant perle de sagesse : « Je vois que je suis un petit morceau d’un très grand univers ». Une petite fée dans un univers froid et cruel mais terriblement vivant. A la fois humain, à la fois animal. Tout ceci sur un fond musical à couper le souffle. Aussi fin que la pluie, aussi saisissant qu’une tempête. La musique suit le rythme de la nature.
Petite fille étonnante, qui, contrariée met le feu à son habitat. Se réfugie ensuite sous un carton, lieu de protection. Elle dessine son histoire à l’aide d’un charbon sur les parois du refuge de fortune. Le carton comme bouclier contre le feu et le charbon contre l’amnésie. Une scène particulièrement marquante de l’œuvre cinématographique. Hushpuppy a cette particularité de saisir chaque souffle de vie grâce à une ouïe stupéfiante.
Le scénario tient en haleine. C’est une histoire de combat, de force. La force des habitants du marais est inébranlable. Rien ne les délogera de leur univers. Ni les tempêtes, ni les aurochs, bêtes cruelles réveillées de la Préhistoire. Les occupants du bayou sont des êtres vivants, c’est certain. Des hommes, pas tout à fait. Des bêtes sauvages, plus que jamais.
Le père d’Hushpuppy agonise. Joué par Dwight Henry, ce personnage dégage une rage incroyable. Fascinant, fou et terriblement tenace. Le monde s’écroule. La petite fille nous prend alors fermement par la main et nous emmène à la recherche de sa mère. Un monde fantastique et tendre s’ouvre à nous. Aussi doux et tendre qu’un baiser protecteur d’une maman. Sur un bateau, au milieu de nulle part, là où tous les rêves sont possibles. Le monde maternel. Une rencontre tendre et onirique avec celle qu’on suppose comme sa mère. Hushpuppy est ressourcée et pleine de force pour rentrer et affronter la mort de son père. « Ne pleure pas » implore son père. Les bêtes sauvages ne doivent pas pleurer. Pourtant ces deux êtres restent humains et emprunt d’une émouvante fragilité. Ce film est une ode à la vie. Un cri de rage extériorisé.
Benh Zeitlin, scénariste américain, signe un film sublime et chimérique pour son premier long métrage. Il offre ainsi son premier rôle à Quvenzhané Wallis. Un premier rôle de choix. Nominée aux Oscars, cette petite fée sauvage a déjà tout d’une grande.