Burials de AFI, loin d’être un « enterrement »

AFI revient avec Burials, 9ème album tout en noirceur et romantisme. Sa charge émotionnelle est dense et complexe, source d’un nouveau chef-d’oeuvre pour ceux qui ont été les messies du goth-punk, aujourd’hui de l’excellent alt. rock.

AFI est l’acronyme de A Fire Inside, certainement le feu sacré que chacun aurait en soi. Une lueur indispensable tant cet album nous entraine au plus profond du désespoir amoureux, entre détresse émotionnelle et romantisme à la Emily Brontë. Il suffit de voir les magnifiques courts métrages trailers réalisés en N&B pour être sur la falaise des Hauts du Hurlevent.

Burials, album bien-nommé, contient treize chansons comme autant de déclinaisons d’une apologie de l’amour passionnel. Pas le « rouge passion »: juste l’amertume, la bile noire, le mascara qui dévale la joue, le sang d’encre. Le champ de ruine qui reste après une magnifique histoire d’amour qui a pris fin. Loin d’être morte et enterrée, l’idylle hante le corps et l’inconscient de Davey Havok, le chanteur et parolier. Ici, les enterrements en question semblent être ceux dans son cœur.

13 perles de tristesse, colère, récrimination et désespoir. Juste après le prélude The Sinking Night arrive I Hope You Suffer. C’est le premier single, punchy et vindicatif, où Davey Havok crache son venin : « Just like I fuckin’ suffered, just like you made me suffer ». Après la haine primaire, le parolier dissèque le mal qui le ronge. La fin de l’amour d’une vie ne peut laisser les protagonistes que dans un état de désolation épique. On approche avec la musique d’AFI des crises d’anxiété (A Deep Slow Panic), du désespoir (No Resurrection) ou encore les fantasmes sur ce qu’il a bien pu arriver ( le second single 17 Crimes). La suivante, The Conductor, compare cette relation toxique à un circuit électrique où Davey supplie qu’on ne le coupe pas. Dans l’Interpol-ien Heart Stops ou encore Rewind et The Embrace, on sent  l’influence prégnante de la vague post-punk des 80s sur les compositions. Puis s’entend le pouls qui s’emballe avec le rythme du titre Wild, s’écoute la poésie de  Greater Than 84. Avant-dernier, Anxious est un hymne post-hardcore des années 90. Enfin, le climax de Burials est dans The Face Beneath The Waves, là où se situerait les deux amants, face à l’apocalypse de leur relation.

Burials aurait très bien pu être un album pathétique et dégoulinant de sentiment adolescent.  C’était sans compter sur l’amitié et le talent d’écriture des compères Havok et le guitariste Jade Puget – à leur apogée -, sans oublier la dynamique rythmique implacable du bassiste Hunter Burgan et du batteur Adam Carson.  La production de Gil Norton (Foo Fighters, Pixies, Distillers) a permis au groupe de créer une collection de chansons complexes, toutes en couches multiples, et pourtant directes dans leur livraison.

 

Burials, sortie le 22 octobre 2013.

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