Dans le cadre de la Fête Nationale Monégasque se jouera L’or du Rhin de Richard Wagner au forum Grimaldi, salle des Princes, le vendredi 22 novembre 2013 à 20h et le dimanche 24 novembre à 15h. Créé au Théâtre Royal de Munich le 22 Septembre 1869, L’or du Rhin n’avait plus été joué à Monaco depuis le 22 Janvier 1939. Un événement à ne pas rater. Nous étions à l’avant-première.
L’or du Rhin a été pensé par Wagner comme le prologue à sa pièce maîtresse: L’anneau de Nibelung. C’est un opéra en un acte unique, composé de 4 scènes, contant l’histoire inspirée par les légendes et mythologie germaniques de l’Anneau forgé avec l’or du Rhin. Sont convoqués peu à peu, Dieu et Déesse, Géants, Nymphes et Nibelungen. Les différentes factions tenteront d’obtenir le pouvoir promis par l’Anneau, sur fond de malédictions, de sortilèges, de ruse et autres perfidies. Autant de thématiques qui inspireront par la suite Tolkien ou Fritz Lang dans leurs œuvres respectives.
L’or, protégée par les trois filles d’Erda (Elzbieta Ardam), la déesse-mère, est subtilisé par un Nibelungen nommé Alberich (Peter Sidhom), gnome issu de la tradition orale germanique. Celui-ci ayant été ridiculisé par les 3 nymphes (incarnées par Eleonore Marguerre, Linda Sommerhage, Stine Marie Fischer), retourne dans les profondeurs après avoir maudit l’Amour. Or, il se trouve que seul l’homme capable de renier l’Amour pourra forger l’Anneau de Pouvoir avec l’or du Rhin. Le Pouvoir exclu donc l’Amour. Et ceux qui le convoite renonce à la plus belle des choses, commune à toutes les races du Panthéon.
De retour dans son royaume, Alberich devient par la force de l’anneau le roi de son peuple. Il met au travail ses sujets, les faisant extraire le maximum d’or pour asseoir sa domination sur le monde. Les nains sont joués par des enfants grimés en mineurs poussiéreux et sales: l’effet fonctionne et permet de donner une impression d’une présence nombreuse sur scène.
Pendant ce temps-là dans la demeure des Dieux, le maître des lieux Wotan (Egil Silins) doit marchander la construction de son palais, le Walhalla, aux Géants Fasolt (Frode Olsen) et Fafner (Steven Humes). Ces derniers emportent Freia (Nicola Beller Carbone) en otage. Les Dieux dépérissent sans Freia pour cultiver les pommes d’or qui les maintenaient jeunes. Wotan prend alors, sur les conseils du demi-dieu Loge (Andreas Conrad), la décision d’aller subtiliser l’or du Nibelungen…
Richard Wagner pensait que la musique elle même devait accompagner les changements de lieux. Au dix-neuvième siècle, il mettait les metteurs en scène face à un vrai défi. Jean-Louis Grinda, le metteur en scène, Rudy Sabounghi, le décorateur et Laurent Castaingt à la lumière réussissent avec brio. La première scène, prouesse scénographique, nous plonge par un jeu de lumières et de projections, véritablement au fond du Rhin avec les nymphes. Nymphes dont les costumes de Jorge Jara rappellent des algues très longues, transformant comme par enchantement les chanteuses en créatures fantasmagoriques. Portées par des filins, l’illusion est parfaite, elles semblent nager, là, à quelques pas des spectateurs. Par la suite, les montées au domaine des dieux, ou bien les descentes dans les mines des Nibelungen, sont parfaitement illustrées, au fil des séquences instrumentales de l’opéra, par la machinerie monumentale mise en place.
Au fur et à mesure, le même décor métallique est recyclé avec une vraisemblance frappante en échafaudage du château, en quai au bord d’une rivière ou bien en mur de soutènement de la mine. Les changements scéniques sont tous au service du lyrisme de la musique wagnérienne. Alliant une mécanique décorative audacieuse à des costumes sans fioritures, c’est une mise en scène moderne qui ne tombe pas dans les affres du tout contemporain en vogue ces derniers temps. Une réalisation à la fois efficace et ambitieuse, qui nous emmène dans les contes et légendes allemands sans difficulté, servie par les musiciens virtuoses de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Gianliugi Gelmetti.