Real Humans : un miroir pour nos propres existences?

La deuxième saison d’Äkta Människor (Real Humans) a débuté le 1er décembre sur la chaîne publique suédoise SVT1 et ne devrait plus tarder sur Arte en France. Dans la lignée de Tunnel, chroniquée plus bas dans nos pages, Real Humans a un fort potentiel de réflexion sociétale. Les pays scandinaves seraient-ils à la pointe du questionnement sociologique et politique ?

Ici, il est question d’un monde où, depuis un passé proche, le marché du travail a été accaparé par des hubots (robots) construits en masse par quelques grands consortiums ayant, entre autre effet pervers, d’accentuer le chômage dans les secteurs primaires et secondaires. Le scénario de la série s’oriente autour des grandes questions que posent un tel bouleversement.

On suit les péripéties dûes aux hubots à travers la vie quotidienne de deux familles suédoises: l’une de la classe moyenne, plutôt aisée, et l’autre d’ouvrier en reconversion. Et en parallèle, et l’on verse véritablement dans la science-fiction de ce point de vue, on suit un groupe de hubots auquel un hacker a donné, en modifiant leur code source, le libre arbitre. Mais certains hubots non libérés par David Eischer font preuve par eux-même d’une certaine prise de conscience à propos de leur existence. Voilà pour les bases. Mais en quoi cette série pourrait-elle être « un miroir pour nos propres existences » comme le dit  le créateur de la série Lars Lundström ?

Les relations humains/hubots sont la métaphore des relations qu’entretiennent nos sociétés avec leurs immigrés. On leur confie les tâches les plus ingrates, conservant pour nous les postes à haute valeur ajouté des secteurs tertiaires. Enfin, pour les plus aisés d’entre nous. Comme c’est le cas pour Roger (Leif Andrée) qui se fait licencier de son usine au profit d’un hubot. Pour les capitaines d’industrie, il n’y a aucun problème légal, on automatise la production, voilà tout. Seulement, au Pôle Emploi suédois, Roger est aussi accueilli par des hubots, normal, crise oblige, on réduit les coûts et les hubots, réduits à un état de quasi-esclavage, ne manifestent pas et ne réclament pas de pause repas… Alors Roger est mécontent et il rejoint les 100 % Humains, parti d’extrême-droite hubophobe, qui propose comme unique solution le rejet et la haine… Roger, malgré la misère sociale et culturelle dont il est victime, ne prendra conscience de son erreur qu’après une péripétie marquante. Trop tard pour son fils adoptif, Kevin (Fredrik Silbersky), qui a rejoint le mouvement jeunes du groupement anti-hubots et s’engage à fond dans ce mouvement qui semble lui expliquer, par des schémas très simplistes, les problèmes de son père. Il ne prend aucunement conscience que les hubots sont embauchés et eux-mêmes largement exploités.

D’un autre coté, Inger Engman, avocate, conserve son poste, aucun humain ne se verrait confier sa défense à un hubot, pour l’instant. Cultivée, elle accueille dans sa famille « une des enfants de David » qui s’est séparé du groupe initial, Mimi (Lisette Pagler). Prenant conscience de son libre arbitre, elle la décharge de ses obligations ménagères et l’adopte comme un vrai membre de la famille. Ce qui mène à des incompréhensions plus ou moins fortes dans sa famille et son univers professionnel. Et Mimi de se faire à la culture humaine et de s’intégrer… Tout en vivant avec difficulté un choc des cultures entre sa famille d’adoption et celle de son créateur. Flash (Josephine Alhanko), une de ses sœurs suit en parallèle un parcours semblable en voulant se marier à un humain, un mariage mal vu par le prêtre qui n’apprécie guère les mariages mixtes…

Les hubots libres se font appelés « les fils de David » et cultivent un culte autour de leur géniteur disparu, sont l’autre face de la médaille. Ils jouent ici le rôle des extrémistes fondamentalistes. Comme eux, ils sont peu, on en parle beaucoup trop et leur pouvoir de nuisance augmente en même temps que leur médiatisation.

Chômage de masse, crise économique, xénophobie, fondamentalisme… Autant de sujets au cœur de cette série qui réfléchie les aspects les plus sombres de l’actualité de l’année passée et qui risque fort, malheureusement de ressembler aux possibles gros titres l’année prochaine. Espérons que l’issue de la saison 2 de Real Humans nous laissera entrevoir un avenir plus radieux.

Titre original Äkta människor
Créée par Lars Lundström (2012)
Avec Andreas Wilson, Lisette Pagler, Pia Halvorsen plus
Nationalité Suédoise
Genre Science fiction
Statut En production
Format 55 minutes
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