Le Loup de Wall Street : du psychopathe et du sublime

Franche et sèche. Quand la séance de trois heures de Le Loup de Wall Street  se termine, la claque que l’on se prend est ainsi. Avec le personnage haut en couleur de Jordan Belfort, Martin Scorsese pouvait faire ce qu’il voulait. Et il l’a fait. Jordan Belfort, alias Leonardo Di Caprio, est un trader fou aux ambitions simples. Tout ce qu’il lui faut c’est du fric, de la coke et des prostituées. Et il les obtient aisément, grâce à un charisme et un culot indéniable.

Dans le monde du courtier fortuné, être défoncé revient à avaler son jus d’orange pressé chaque matin. Se scotcher des millions de dollars sur le corps, revient à porter son costume de travail. Détournement de fonds et fraude sont le quotidien. Il devient aussi le nôtre. Doigts qui pianotent, appels incessants, brouhaha. Leur univers est notre univers. Le Loup de Wall Street est le premier film de Martin Scorsese à avoir été tourné en format anamorphique depuis A tombeau ouvert (1999). Cette technique vise à étirer verticalement l’image, afin de couvrir l’intégralité de l’écran. Cette pratique permet de nous immerger dans l’histoire plus facilement. Nous ne sommes plus vraiment des spectateurs mais des témoins.

Dans Le Loup de Wall Street, Martin Scorsese se fait enfin plaisir et nous fait plaisir aussi. Le travail remarquable du réalisateur est de montrer un fait, une vérité grave par le ridicule. Car Jordan Belfort est ridicule. Il l’est quand il rampe jusqu’à sa voiture luxueuse, victime (pas vraiment) de drogues. Il l’est quand il veut s’enfuir avec sa fille, encore victime (?) de substances louches. Rire de cette situation, c’est la principale critique que le film reçoit. Mais comment voulez-vous dénoncer les choses ? Par l’immuable et l’emmerdant sérieux ? Par un film long et chiant ? Pitié… Rire ne veut pas dire rendre le crime des courtiers cupides incondamnable. Au contraire, le rire nous titille. Il nous interpelle, nous montre réellement qui sont ces personnes. Un personnage entier doit nécessairement être bousculé, montré sous toutes ces facettes. Le parti pris de Martin Scorsese est le meilleur.

Il y a quelque chose dans cette œuvre. Comme une chenille qui devient un papillon. Une progression. Quelque chose de grandiose. On le remarque particulièrement dans la scène où Jordan Belfort reçoit Patrick Denham, le flic trouble-fête (joué par Kyle Chandler) sur son yacht. La fausse courtoisie est presque imperceptible tant les échanges ont l’air amicaux. Le jeu des acteurs est impressionnant. Si bien que lorsque Jordan Belfort lui demande de partir de son bateau, avec le sourire, puis, sans le sourire, on se retrouve bête. Piégés par de trop bons jeux, de bons dialogues. Mais nous n’avons pas été sourds pour autant à ce sentiment grandissant en nous. Oui, celui-ci, celui qui nous dit, « vas-y, ne lutte pas, tu vas encore te faire avoir, tu t’amuses comme un fou ».

Leonardo Di Caprio dans le Loup de Wall Street est à l’apogée de son art. Avec le personnage de Jordan Belfort, il incarne la rencontre de Calvin Candie dans Django Unchained et de Jay Gatsby dans Gatsby le Magnifique. La rencontre du psychopathe et du sublime.

Date de sortie 25 décembre 2013 (2h59min)
Réalisé par Martin Scorsese
Avec Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Margot Robbie plus
Genre Biopic , Drame , Policier
Nationalité Américain
Poster un commentaire

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :