Tears on Tape de HIM, mixtape douce amère superbe (+ track by track)

HIM sort aujourd’hui son dernier album, Tears on Tape. Petite pépite douce-amère du quintet goth d’Helsinki, Tears on Tape est un album qui nécessite plusieurs écoutes pour y déceler sa perfection. De préférence d’une traite, et en vinyle, pour retrouver ce petit côté « son analogique ». Et non, il ne ressemble pas aux précédents LPs des Finlandais, et tant mieux.

Le titre fait référence aux « larmes que nos héros, les Ozzy (Osborne) et les Robert Plant, ont pleuré sur la bande, créant des œuvres d’art qui nous font aller de l’avant chaque jour. Le pouvoir guérisseur du hard rock« . Voila ce que signifie Tears on Tape pour Ville Valo, le longiligne chanteur et principal compositeur d’HIM.

La musique se fait lourde et rugueuse, sorte de rencontre de Kyuss et d’Electric Wizard avec les riffs à la Black Sabbath. A l’opposé, Ville croone tel un Roy Orbison, avec sa guitare acoustique. Comme à leur habitude, HIM fait un grand écard parfait, mélancolie et amour se mêlent à merveille. Et si cela peut vous rassurer, la production a été confiée à Hilii Hiilesmaa, l’orfèvre du studio Finnvoxx (The 69 Eyes, Moonspell, Amorphis). Le mixage, c’est Tim Palmer (Robert Plant, Ozzy Osborne, Pearl Jam, U2, The Cure), à l’origine du son de Dark Light, le premier album finlandais a être certifié or aux Etats-Unis. Tears on Tape est aussi le premier album d’HIM à contenir des segments instrumentaux.

Le piste à piste de Tears on Tape, le plus baudelairien d’HIM, juste après la vidéo.

Unleash the red: véritable première intro sur un album d’HIM. Le son d’une cassette qui rentre dans un walkman, illustration parfaite du titre de l’album. Une musique qui rend hommage à celle des vieux films de Carpenter ou de Dario Argento.

All lips go blue: le son se fait doom, le tempo est ralenti. Le riff principal évoque le groupe de Lee Dorrian, Cathedral. Et Ville Valo pose ses paroles, tel un memento mori. C’est l’un des titres les plus catchy de ToT.

Love without tears: ce titre fait la synthèse entre les précédentes incarnations du son HIM, tel l’ère Love Metal, et l’album de Roy Orbison, Mystery Girl. Les intrications sont complexes et Valo interpelle sa muse : “Love without tears, go on and prove me wrong.”

I will be the end of you: certainement la chanson la plus stoner dans le style de Kyuss. Une expérimentation sauvage autour d’un riff. Et les paroles, c’est une conversation avec l’amour, qui menacerait le chanteur: « i will be the end of you ». Une lutte perpétuelle.

Tears on tape: le son d’une cassette qui grésille, et une véritable ballade se lance. La mélodie du clavier, complétée par la guitare, pour une chanson qui rend hommage aux « larmes » des héros du groupe. L’aiguille du tatoueur des paroles rappelle le diamant qui lit les vinyles, dans cette ode à l’amour.

Into the night: un riff très punk, entre les Kinks / Iggy Pop et Turbonegro. L’énergie punk de la musique rencontre un Valo qui croone tel une version speedée du rock des 50s. L’équilibre est ténu et l’ensemble marche à merveille.

Hearts at war: encore une chanson très baudelairienne. L’une des meilleures chansons pour moi, avec une très belle construction et des ponts très bien ficelés. « Hearts at war, for think of love and There’s no escaping ».

Trapped in autumn: c’est un interlude, à l’instar de la piste FX sur l’album Vol.4 de Black Sabbath. Une respiration expérimentale, faite de bruits de foule, de piano et de synthés.

No love: une chanson macho dans un sens, sur le fait d’être insatiable en amour. Une chanson qui aurait pu être parfaite pour ouvrir l’album. un titre « direct dans ta face », qui s’affirme comme si Valo faisait face à la mort de l’amour. Encore une belle construction, avec des passages en mid-tempo avant de repasser en fast pace.

Drawn and quartered: ce titre est un peu différent des autres, avec son commencement assez folk, sa guitare acoustique. Une petite poésie qui rappelle Edgar Allan Poe. Une teinte qui rappelle l’album Dark Light, avec une touche en plus.

Lucifer’s Chorale: un autre interlude, avec un bon riff. C’est une sorte d’outro pour Drawn and quartered. Et la « classique dédicace » du hard rock au cornu.

WLSTD: When love starts to die est un titre avec un chant prégnant, un peu comme Peter Steele de Type O Negative. Les claviers et la grosse guitare y font d’ailleurs penser. Ainsi qu’à Black Sabbath. Et à Greatest Lovesongs Vol.666, le premier album de HIM. « When love starts to die, It begins with a kiss, Violently soothing and warm ».

Kiss the Void: deuxième face de WLSTD, c’est l’Outro. Une fin abrupte, comme si quelqu’un avait appuyé sur le bouton eject du lecteur cassette.

Un album avec un univers propre, telle une mixtape douce amère sur l’amour et la mort, éternelle rengaine du groupe. Mais HIM le fait si bien, pourquoi ne pas y succomber? Véritable petit recueil audio de poésie au charme de velours. Un must pour ceux qui aiment le hard rock, la new wave et Baudelaire, Poe.

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  1. HIM, des démos à Tears On Tape | De la Culture
  2. HIM, des démos à Tears On Tape | J-S Gino-Antomarchi

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