« The Electric Lady » : la soul rétro-futuriste de Janelle Monáe

L’Américaine Janelle Monáe est une artiste résolument atypique. La protégée du rappeur/producteur/businessman Sean « P. Diddy » Combs, et invitée du tube planétaire de FUN, We Are Young, délivre son dernier disque, Electric Lady.

A l’instar des Daft Punk, elle s’est inventée un personnage de robot mais contrairement aux deux Frenchies, c’est un androïde à visage humain. Un alter-ego du nom de Cindi Mayweather. Son univers visuel, profondément marqué par l’esthétique dieselpunk, est à mi-chemin entre le Metropolis de Fritz Lang et l’afro-futurisme de George Clinton ou Sun Ra. Son aventure musicale est structurée en chapitres. Après l’EP de 2007 « Metropolis » (suite I) et « The ArchAndroid » en 2010 (suites II et III), voici « The Electric Lady » (suites IV et V).

Musicalement, ce deuxième LP est très différent du précédent. Moins expérimental et éclectique, il se recentre principalement sur le R&B. Moins Santigold ou Ebony Bones, plus Erykah Badu. Cette fois-ci, pas d’invités indie pop comme Of Montreal. Juste un casting où elle convie la crème de la black music : Prince, Erykah Badu, Solange, Miguel ou encore Esperanza Spalding. Un opus toutefois très copieux (1h07) où aucune piste ne se ressemble.

En ouverture de la suite IV, les guitares surf à la façon d’un film de Quentin Tarantino et les cordes cinématiques, plantent le décor. Tout est fait comme si on assistait au générique d’un film. Introduit par des riffs de guitare assez sombres signés Prince, Givin Em What They Love est un rock lent et lancinant en duo avec l’homme en pourpre de Minneapolis. Puis place à Q.U.E.E.N., le premier single, en duo Erykah Badu : bombe au groove contagieux sur fond de guitare rythmique ultra-funky (à la Love Sex Magic de Ciara et Justin Timberlake). Electric Lady prolonge cette virée dancefloor avec son hip-hop-soul qui nous ramène au début des années 90, avec Solange en invitée (la soeur de la superstar Beyoncé). Question de calmer le jeu, un beau tandem avec Miguel sur Primetime, qui aurait pu être une ballade de Prince. Suit le disco très eighties de We Were Rock & Roll, qui n’aurait pas déparé sur le « Lady Killer » de Cee-Lo Green. Dance Apocalyptic, le sautillant deuxième single, dont l’instrumental fait beaucoup penser au Tequila des Champs, flirte avec le rockabilly. Son clip est un cousin du Hey Ya d’OutKast sur fond de fin du monde. Puis la suite IV se termine sur une note aussi cinématique que son introduction : le mélodramatique Look Into My Eyes conjugue vocalises quasi-opératiques et atmosphère à la James Bond. On pense aussi à certaines ballades de Dionne Warwick signées Burt Bacharach.

Suite V Electric Overture démarre la deuxième partie de l’album de façon instrumentale, en reprenant aux cordes la mélodie de Look Into My Eyes avant de lorgner davantage vers l’easy listening d’un Michel Magne ou Sérgio Mendes, tout en faisant déjà allusion à la mélodie du morceau suivant. Une fois cette transition effectuée, place à une suite V beaucoup plus nocturne et sexy. Si la suite IV invitait volontiers l’auditeur à se déhancher et évoquait plutôt une journée ensoleillée, la V distille une soul d’alcôve, qui semble conçue pour les chambres à coucher. It’s Code, avec ses arrangements soyeux et léchés, rappelle immanquablement la Philly soul des Stylistics et autres Delfonics. La soul chatoyante aux consonances brésiliennes de Ghetto Woman se veut dans la lignée de Stevie Wonder. Sur Dorothy Dandridge Eyes, Janelle Monáe est entourée au chant comme à la contrebasse de l’étoile montante du jazz et lauréate des Grammy Awards Esperanza Spalding. Un numéro jazzy éblouissant qui n’est pas sans rappeler I Can’t Help It de Michael Jackson. Puis l’album tire sa révérence sur What An Experience, une ballade pop eighties hymnique façon Toto mais avec de légères teintes reggae. Les crédits apparaissent à l’écran puis le rideau tombe.

Plus accessible mais tout aussi inspiré que ses précédents travaux, The Electric Lady est un véritable sans faute et son meilleur album à ce jour.

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  1. Capricorn Sun | Janelle Monáe – The Electric Lady (2013)

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