« This must be the place », The Cure de Sean Penn

Synopsis: Cheyenne est une ancienne star du rock. A 50 ans, il a conservé un look gothique, et vit de ses rentes à Dublin. La mort de son père, avec lequel il avait coupé les ponts, le ramène à New York. Il décide de poursuivre, à travers l’Amérique, la vengeance qui hantait son père.

Sean Penn montre son talent en interprétant Cheyenne, une vieille rockstar qui a  beaucoup  en commun avec le Ozzy Osbourne vieillisant d’aujourd’hui, tout en ayant le look de toujours de Robert Smith des Cure. Mais  avec des lunettes de vue en plus. Il a pour confidente une adolescente gothique qui connait tout de la vie passée de Cheyenne : certainement sa fan n°1 en plus d’être là pour lui. C’est Eve Hewson qui joue Mary, où elle donne la réplique à un Sean Penn qui parle de café ou encore de la crise, tout en soufflant sur cette mèche qui lui tombe sur le nez et la bouche. Une Rockstar qui se nourrit de pizza surgelées, et vit dans un manoir vide, avec sa femme Jane, dynamique et sportive Frances McDormand , qui ne se prend pas la tête. Sa vie est ennuyeuse mais rassurante. Ça fait 20 ans qu’il fuit les projecteurs. Alors sa mère l’accuse de ne pas savoir se poser les bonnes questions (et le super laïus sur la cigarette), et peu après il reçoit un appel : son  père est mourant, il lui faut partir pour l’Amérique.

Le secret, c’est une couche de poudre avant de mettre le rouge

Cheyenne arrive trop tard à New-York, son père est mort. S’ensuit un passage un peu long: la scène de la  chanson « there must be a place » des Talking Heads, écho au titre du film certes, mais qui n’a pas vraiment de sens dans la progression du film. De plus, ce n’est pas Cheyenne qui chante, il est juste spectateur. L’interprète n’est autre qu’un ami d’avant de Cheyenne, David Byrne (qui joue son propre rôle). Cheyenne se confie  sur pourquoi il a arrêté de chanter, de composer : la mort de deux adolescents plus fragiles que les autres. Sorte de Némésis du blanc Byrne, Cheyenne est vêtu de noir, et ses succès étaient des « popsongs dépressives pour un public de dépressifs ».

Le cousin Richard briefe Cheyenne sur les recherches de son père à qui il n’avait pas parlé depuis 30 ans. Il enquêtait sur Alois Lang, son bourreau à Auschwitz. Et vu que les chasseurs de nazi ne s’attaquent pas au petit poisson, Cheyenne part seul finir la quête d’un père à qui il ressemble tant, sans qu’ils aient jamais eu le temps de le remarquer. Sur son chemin vers la vérité, Cheyenne fait des rencontres fortes en contours, tour à tour lisse ou rugueuse. Un tatoueur, une veuve de criminel de guerre, un indien en costard muet… Avec il partage quelque chose, une maxime, un aventure, une partie de ping pong.

Sean Penn s’en donne à cœur joie dans son rôle de rockstar insouciante et un peu à côté de ses pompes. Un grand enfant maquillé, qui grandit peu à peu et a le  regret de ne pas avoir d’enfants. Petit à petit, il glane des informations en devenant proche des gens qui peuvent le renseigner.

Des choses pas fréquentes qui m’arrivent en ce moment

« Quelque chose ne tourne pas rond ici » répéte Cheyenne. Une fois la vengeance accomplie, la première cigarette fumée, Cheyenne peut rentrer auprès des siens.

Paolo Sorrentino signe « This must be the place », écrit pour Sean Penn, un film emprunt de poésie, d’humour et de méditation, sur le devenir et les ravages du temps. On y retrouve un mélange des genres qui fait penser à « Paris -Texas » de Win Wenders. Le Cheyenne de Sean Penn nous plonge dans ce road-movie avec ses fragilités, son émotion. La photographie de Luca Bigazzi habille les états d’âmes du protagoniste. La bande-son est un atout rare pour le film. Néanmoins, on regrettera de ne pas entendre Cheyenne and his fellows, le groupe de l’alter-ego de Sean Penn.

Il faut se laisser porter par la luminosité des paysages et de la photographie pour ne pas céder à l’idée d’y voir une réalisation certes excellente, mais où on pourrait parfois reprocher une forme de vanité en elle. On reprochera à Sorrentino le côté « shoah » d’une partie de son film, trop long et peu utile au développement de l’intrigue. La scène du vieillard nu dans la neige est – elle utile dans sa forme présentée: gros plan sur la peau flasque, la honte du vieillard, le froid? Sans oublier la comparaison du rock à une maladie adolescente qui doit cesser à l’âge adulte. Cheyenne devient un homme dans un happy end regrettable visuellement et peu être aussi au niveau du scénario.

Malgré un symbolisme empathique et un peu de cabotinage de Penn, le film transgenre arrive à faire passer une satire de l’Amérique. Une pellicule brillante où Sean Penn vampirise l’écran, même en jouant une rockstar sous prozac depuis 20 ans, qui pour l’amour d’un père perdu trop vite, se lancera sur les traces d’un criminel nazi planqué à l’autre bout du monde.

This Must Be the Place est le premier film en anglais de Paolo Sorrentino.
Date de sortie: 24 août 2011 (1h 58min).
Avec Sean Penn, Judd Hirsch, Kerry Condon.
Genre: Drame, Romance

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